Je suis née à Maubeuge, mais j'ai grandi dans un tout petit village d'environ 850 habitants, situé à une vingtaine de kilomètres de là, et qui s'appelle Houdain-lez-Bavay. Il est entouré par la forêt domaniale de Mormal (qui s'étend sur 9163 h). 

Ce petit village campagnard respire la beauté et la sérénité. J'y ai grandi, à l'ombre de son château moyenâgeux,

de sa superbe église consacrée à St Martin et inscrite au Patrimoine, pour la richesse intérieure de ses statues (une vingtaine, grandeur nature), de quelques retables et de son chemin de croix, offert après guerre par une famille dont le fils unique était revenu sain et sauf (une petite merveille de réalisme).

Une rivière (L'Hogneau) la traverse encore... Enfant, nous allions parfois pique-niquer près du petit pont de pierre (d'origine gallo-romaine) qui l'enjambait. Sa source, au début des années 70, n'était pas encore polluée... et les anciens allaient régulièrement puiser son eau et s'en servaient pour tous leurs usages au quotidien.

J'y ai grandi, à l'ombre de son école primaire et de sa salle des fêtes, où se déroulait le spectacle qui clôturait la fin d'année scolaire,

des ruines de l'antique moulin qui, au Moyen-Age, fournissait la farine qui permettait de cuire le pain de ceux qui y vivaient continuellement

et de quelques chapelles, que je découvrais, au hasard de mes promenades dominicales. Certaines remontaient parfois à la fin du 19ème siècle... et la plus célèbre a été construite de façon totalement imprévue. En effet, elle est posée à la sortie d'un virage, longtemps réputé dangereux car inexplicablement, tous les conducteurs qui l'empruntaient finissaient,avec heureusement plus de peur que de mal, dans le mur d'une vieille maison aux vieux murs de pierres heureusement solides.

Un paysan, connu alors dans le village pour ses talents de sourcier, s'est déplacé avec sa baguette de coudrier, laquelle s'est littéralement brisée sous l'effet du champ magnétique qui émanait du lieu. Pour le briser, il recommanda d'abord aux habitants de la bâtisse de l'isoler de la route en plantant une haie de troènes. Il ajouta que, pour "conjurer la force" responsable du trouble de conscience momentané qui engourdissaient les réflexes des automobilistes et créait les accidents, il serait préférable d'y bâtir une petite chapelle consacrée, à la Madone. Malgré le scepticisme de quelques uns, elle fut réalisée, puis officiellement bénie sous le vocable de Notre-Dame de la Paix. Aussi bizarre que cela puisse paraître, il n'y eut plus jamais, à cet endroit,d'accidents dû à d'inexplicables pertes momentanées de conscience. Les villageois continuent de l'appeler d'ailleurs "Notre-Dame de la Route"... nom qui avait été choisi en premier lieu.

Les aléas de la vie m'ont entraînés depuis bien loin de ce charmant village, qui a abrité mes premières découvertes, joies et chagrins d'enfant...

J'avoue qu'il m'arrive bien souvent d'y retourner par la pensée, et de marcher sur ses chemins, au hasard de certains rêves... quand mon esprit, parfois troublé ou meurtri par certains déceptions, éprouve le besoin de retrouver des repères plus sereins qui m'aident de nouveau à avancer.