• VANITÉ MORTELLE

    La montagne, drapée dans son manteau immaculé, se découpait dans le bleu du ciel. Sa masse, imposante et rassurante à la fois, dominait la vallée depuis des siècles. En bas, dans la forêt, vivait le peuple des oiseaux.

    Toutes les races cohabitaient dans l'harmonie, de l'aigle majestueux au rossignol, du moineau au colibri. Il arrivait même à quelques poules de promener leurs nichées dans cet endroit, paisible et reposant.

    Les aigles parcouraient régulièrement la forêt, veillant à ce qu'aucun prédateur ne nuise aux oisillons, trop jeunes pour se défendre, ou aux adultes blessés.

    Les renards et les belettes craignaient leurs serres acérés, autant que leurs regards perçants. Elles savaient trop que la confrontation directe tournerait à leurs désavantages, et préféraient attendre les imprudents qui s'aventuraient à la lisière de la forêt.

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    Les années passant, la présence des rapaces se fit de plus en plus irrégulière.

    Les belettes, d'abord prudentes, observèrent à distance ce comportement, pour le moins inhabituel. Elles préférèrent d'abord ne pas trop montrer le bout de leurs museaux pointus, craignant quelques pièges possibles... et laissèrent passer quelques semaines, tout en continuant de surveiller attentivement les environs.

    Quelques rapaces montrèrent encore le bout de leurs ailes, de temps à autre... mais leur présence se fit de plus en plus rare, au fil du temps. Ils finirent par abandonner leur rôle protecteur et ne quittèrent plus leurs aires, protégées dans les hauteurs.

    Les différentes colonies d'oiseaux ne comprirent pas cette paresse soudaine... et l'avenir devint de plus en plus incertain pour ceux qui restaient an bas, dans la forêt. En effet, les belettes et les renards rodaient chaque jour, de plus en plus près des nids.

    Un jour, une belette plus hardie que ses compagnes, se glissa près d'un chêne et s'attaqua à un petit rossignol, tombé malencontreusement du nid en l'absence de sa mère. En quelques secondes, son destin fut brisé par les dents acérées du carnassier.

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    La mère, rentrée trop tard, constata l'absence de son petit.

    Affolée, elle demanda à ses voisines si celles-ci ne l'avaient pas aperçu. Beaucoup se détournèrent, la laissant dans l'angoisse sans même daigner lui répondre. Un moineau, témoin impuissant du drame, lui avoua doucement la vérité.

    La mère se révolta contre l'indifférence des autres oiseaux. Comment avaient-ils pu laisser mourir un innocent, sans réagir !

    Mais eux, continuaient à vivre, comme si rien ne s'était passé. Après tout, ils n'étaient pas rossignol... Ce drame ne les concernait donc pas.

    Mais le lendemain, ce fut au tour d'un colibri d'être victime d'une mortelle attaque surprise ... puis d'un geai. Et chacun se mit alors à vivre dans la peur.

    Comment se sentir en sûreté désormais, sans protection efficace et livré aux caprices d'un destin imprévisible et hasardeux ?

    Le moineau, d'allure insignifiante, proposa à toutes les espèces d'aller vivre dans trois chênes centenaires, qui trônaient au centre de la forêt. Leurs tailles imposantes décourageraient les efforts de leurs ennemis communs. Ils pourraient plus facilement organiser des vols de surveillance, tout en restant hors de portée des dents meurtrières des carnassiers tant redoutés.

    « C'est tout bonnement hors de question ! Lança la fière mésange. Je n'accepterai jamais de vivre à côté de vous. Vous êtes laid et stupide. Il est impensable qu'un oiseau aussi distingué que moi vous côtoie sans cesse. Que penseraient mes amies, si elles me voyaient à vos côtés ? »

    Le moineau ne se découragea pas, et fit la même proposition à toutes les autres familles. Il se heurtât presque partout au même refus ... pour les mêmes raisons.

    Seule une famille de corbeaux, plus âgée, et deux très jeunes rouges-gorges acceptèrent sagement son idée. Ils déménagèrent dés  le lendemain, laissant à contrecœur la plupart de ceux qu'ils avaient pourtant toujours connus.

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    « La peur et la méfiance sont de bien mauvaises conseillères ! Dit le corbeau au moineau, pour chasser la peine de celui-ci. Nous ne pouvons rien faire contre l’orgueil et la bêtise de la plupart de nos anciens voisins. Espérons seulement qu'ils changent d'avis et se rangent à ton sage conseil, avant qu'il ne soit trop tard pour eux ! »

    Dans les semaines qui suivirent, les victimes des violences quotidiennes des renards et des belettes réunies se comptèrent par dizaines ...  

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    Chaque famille gardait maintenant précieusement les coquilles qui avaient été leurs premières demeures, espérant que ces vestiges dérisoires les protégeraient de l'atteinte des bêtes féroces. Chacun vivait égoïstement replié sur lui-même, en espérant secrètement que la prochaine attaque toucherait l'ami de jadis... en épargnant sa petite personne !

    Aucun d'eux ne voulut entendre les appels à la solidarité, lancés en pure perte, par le petit moineau. Leur stupide comportement les empêcha de voir un autre printemps.

    Les aigles étaient, depuis longtemps, définitivement partis, pour s'installer dans une autre montagne, plus haute encore... et contempler ainsi d'autres horizons, plus beaux pour ces amateurs de paysages changeants.

    Et seule une famille de vieux corbeaux, un moineau et deux rouges-gorges, sans fierté ni vanité, vécurent assez longtemps pour me conter cet histoire.

    « Bonnes gens qui me lisez, adoptez le comportement du petit moineau ! Ne méprisez pas vos semblables... et restez ouverts à la différence d'autrui, tolérants et solidaires envers tous ceux que la vie vous fera côtoyer.

    Ces quelques vertus, un jour, pourraient bien vous sauver la vie ... ou, qui sait, faire de vous le conseiller avisé qui préservera celle de vos amis.

    Leurs existences ne sont-elles pas aussi précieuses  que la vôtre ? »

    VANITÉ MORTELLE

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    2 commentaires
  • Éviérelle grimpa rapidement l’escalier qui menait au grenier... cet endroit dont l’accès lui avait toujours été formellement interdit.

    La porte, un peu rouillée, s’ouvrit en grinçant, laissant apparaître une pièce étroite, mais étrangement bien rangée. Le soleil, passant par une lucarne ovoïde, réchauffait celle-ci. Face au miroir, sur une petite table en chêne, un vieux grimoire poussiéreux semblait attendre la main audacieuse digne de l’ouvrir, puis de lire les secrets qu’il renfermait.

    L’enfant s’en empara, tourna les premières pages... et fut instantanément transportée aux temps lointains d’Arkanalia, contrée oubliée de certains contes et légendes fantastiques.

     

    PETITE PRÉSENTATION

     

    La plupart de ces contes sont tout droit sortis de mon imagination. Ils sont dûment déposés et protégés. Merci donc de respecter mon travail et de ne pas les partager (Pour rappel la violation des droits d'auteur et la reproduction partielle ou totale d'œuvres littéraire sans autorisation écrite du créateur de ladite oeuvre est passible de 3 ans de prison ferme et d'une amende pouvant aller jusqu'à 300 000 €)

    J'y inclurai également d'autres partages au fil du temps .... Ceux-ci verront leurs auteurs dûment cités, respect du travail d'auteur et des droits littéraires oblige.

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